Hommages à notre compagnon Marc Tomsin

Cher Marc,

Tu n’as jamais fait partie, tu ne feras jamais partie des morts-vivants qui perpétuent la longue agonie du vieux monde. C’est pourquoi je m’adresse à toi au nom de cette vivacité qui ne t’a jamais quitté et qui continuera d’être présente parmi nous. Car légataires des insurgées et des insurgés du passé, nous jetons les bases d’une véritable internationale du genre humain. Choisir le parti pris de la vie est désormais le seul recours contre ceux qui sèment la mort sur la terre entière. C’est le combat que tu as choisi de mener et ton amitié rayonnante avait souvent plus d’efficacité que bien des diatribes. L’érudition et la vigilance de l’éditeur nous ont donné des écrits rares et percutants. L’infatigable responsable de la Voie du jaguar a préparé la venue imminente  des zapatistes qui débarquent porteurs d’un monde nouveau dans la vieille Europe si acharnée à les réduire en esclavage. Dans  toutes les festivités à venir il sera l’ombre du personnage absent.
Mais je ne veux pas verser dans l’oraison funèbre.

Marc était avant tout un ami. Cette magie intime que sont les affinités électives nous avait fait proches. J’ai beau savoir que la mort t’a cueilli dans l’exaltation de Rosa Nera redevenue libre, je n’en reste pas moins convaincu   qu’ aucune mort n’est  heureuse.

Néanmoins, nous étions pour ainsi dire en conversation lors de cet étincellement de l’enthousiasme qui t’a frappé. J’aime à voir dans cette fulgurance – funèbre pour nous, joyeuse pour toi – un appel à ne jamais désespérer ni de sa propre existence ni du monde, si délabré qu’il nous paraisse.

Tu as toujours eu l’art de persuader sans donner de leçons. Merci Marc
Raoul Vaneigem, 9 juin 2021

Cher Marc,

Quelques heures après ton dernier joyeux message de la reprise de Rosa Nera, où nous avions dansé jadis avec Vardis Tsouris la neuvième année d’occupation de la Rose Noire, nous avons appris que tu es parti sur les ailes de ta danse aux bords du volcan de ton gai vouloir-vivre.

Par ta vie et ton art en alchimie de liens, tu resteras pour toujours le passeur des passions émancipatrices. Ni maître ni disciple d’aucune chapelle, tu nous offrais généreusement ton savoir encyclopédique des repères libertaires. « L’Histoire d’un ruisseau » à la Reclus devenait par toi la confluence sensible des histoires accueillant nos esquifs existentiels.

Ton nom lié à ta Voie du Jaguar est si présent dans mes traductions en persan que j’ai partagé l’indicible en écrivant « dans les griffes de l’incroyable », adressé aux lecteurs persanophones.

Tu terminais souvent tes messages par ces « embrassades fraternelles » qui reprenaient leur dimension corporelle à l’occasion de nos retrouvailles.

Embrassades compagnon,

Behrouz, Somy

افزودن دیدگاه

این سایت از اکیسمت برای کاهش هرزنامه استفاده می کند. بیاموزید که چگونه اطلاعات دیدگاه های شما پردازش می‌شوند.

بایگانی

برچسب‌ها